Interview de François Beauxis-Aussalet,
Directeur de la publication de la revue d’art Argument
par Filly di Somma
(Retranscription du streaming en direct du 26 juillet 2024)
François Beauxis-Aussalet est un éditeur de revue d’art, ce qui combine journalisme et art, deux mondes qui font partie de sa vie. Bienvenue aussi à tous ceux qui sont connectés avec nous sur ma page Facebook. Je précise également que ceux qui n’ont pas le temps de se connecter maintenant en direct pourront visualiser notre vidéo-interview plus tard, car je partagerai le lien sur mes réseaux sociaux, notamment Instagram, Facebook, Youtube et LinkedIn, et François fera de même. Ne vous inquiétez pas, vous pourrez tout savoir sur François même si vous n’êtes pas connectés maintenant.
Bonsoir, car il est 18h à Rome et je pense que c’est pareil à Biarritz, n’est-ce pas ?
Oui, nous sommes sur le même fuseau horaire.
Bonsoir à tous, bonsoir François et merci d’avoir accepté mon invitation cet après-midi de chaleur de fin juillet, alors que tout le monde pense déjà aux vacances, ou peut-être est déjà parti en vacances. Nous, nous sommes ici, moi à Rome et toi à Biarritz, une magnifique ville dont tu nous parleras un peu.
François, avant tout, je vais commencer par une question très simple : qui es-tu et quel est ton parcours jusqu’à aujourd’hui ?
Je vais être bref pour ne pas lasser les auditeurs. J’ai 69 ans, je suis papa de six beaux enfants qui sont grands maintenant. L’ainé a 42 ans. J’ai fait des études d’ingénieur et j’ai beaucoup travaillé dans l’industrie, principalement, les services et l’électronique. J’ai beaucoup voyagé et j’ai habité à l’étranger dans plusieurs pays. J’ai eu à diriger des équipes dans plus d’une quinzaine de pays, soit pour des projets, soit parce que j’ai créé ou dirigé des entreprises dans ces pays. Je suis à la retraite maintenant, mais certainement pas inactif.
Ah oui, naturellement ! Tu es à la retraite, mais tu es toujours très actif. Tu as vécu et travaillé à Paris, et maintenant tu habites à Biarritz. Pourquoi ce choix ?
C’est très simple. Ma maman, qui a 96 ans aujourd’hui, a fait une chute il y a quatre ans. J’ai donc dû venir l’aider. Je suis resté assez longtemps et à un moment donné, je me suis dit qu’il n’était pas possible d’être aidant familial tout en habitant Porte Maillot à Paris. J’ai donc décidé de m’implanter à Biarritz, une ville où je venais souvent petit, car mes parents y avaient un appartement de vacances. J’avais même une voiture immatriculée dans les Pyrénées-Atlantiques quand j’étais étudiant à Paris, ce qui me valait des coups de klaxon ! J’ai donc une certaine familiarité avec cette ville.
Biarritz est connue pour ses plages. Peux-tu nous en parler un peu plus ?
Biarritz est au bord de l’océan Atlantique, une ville fouettée par les tempêtes, les vagues et l’océan. C’est caractéristique de la côte basque dans le golfe de Gascogne.
Quelle est selon toi la différence entre Paris et Biarritz au niveau culturel et artistique ?
Biarritz est une petite ville de 25 000 habitants, même pas le cinquième de la population d’un arrondissement de Paris. On ne peut pas vraiment comparer. Biarritz est une ville de province récente, qui n’a pas 200 ans d’âge, autrefois un petit village de pêcheurs basques. La ville s’est développée grâce à l’attrait de l’impératrice Eugénie, à qui son mari, Napoléon III avait offert une villa. Cette villa a été détruite par un incendie et à sa place se trouve maintenant un palace 5 étoiles. Mais ce que j’aime à Biarritz, ce sont les goélands, les rochers, l’horizon, les vagues et la mer, un paysage là depuis des millions d’années.
Donc pour toi, il y a bien des différences au niveau culturel et artistique entre Paris et Biarritz, même si Biarritz est en train de bouger ?
Oui, je ne dis pas qu’il n’y a rien à Biarritz, mais comparé à Paris, il y a beaucoup moins d’événements. À Paris, en une journée, il se passe autant de choses qu’à Biarritz en une saison. Paris est toujours Paris.
Tout à fait. Parlons maintenant de ton parcours. Actuellement, tu te consacres à l’art, car tu es éditeur d’une revue d’art, dont nous parlerons plus tard. Qu’est-ce que l’art pour toi, François ?
C’est une question très difficile. Je pense que les artistes écrivent le monde avec la matière et leurs médias. D’une certaine manière, l’art est un langage, une œuvre qui décrit le monde. C’est un langage assez universel, car devant une œuvre d’art, qu’elle soit abstraite, figurative ou surréaliste, on n’a pas besoin de faire des études pour ressentir des choses. Chaque artiste a son langage, mais il n’est généralement pas nécessaire d’avoir un diplôme universitaire pour comprendre un artiste. L’artiste parle du monde avec beaucoup de poésie, d’intelligence et d’attention au monde, aux autres et à la nature. Les artistes, sauf exceptions, ont généralement un grand cœur, une grande humanité et sont des personnes intéressantes. L’art, c’est aussi connaître les artistes, les rencontrer et comprendre leur message, qui est toujours différent d’un artiste à l’autre.
Je suis complètement d’accord avec toi. Tu as créé la revue Argument, qui donne la parole aux artistes. Peux-tu nous expliquer comment et pourquoi tu as décidé de réaliser cette revue d’art et avec qui tu as travaillé sur ce projet ?
Je ne sais pas si c’est mon œuvre d’art, mais c’est un travail collectif. J’ai eu ce projet il y a trois ans, pendant le confinement. En arrivant à Biarritz, j’ai trouvé un grand appartement lumineux où je vis toujours, et j’y ai créé une galerie d’art, ayant déjà organisé quelques expositions à Paris. À Paris, en plus d’exposer des artistes, j’avais pris une carte de journaliste américain un an avant ma retraite, ce qui m’a permis d’entrer dans de nombreux endroits, de rencontrer beaucoup de gens et d’être invité en tant que journaliste. On m’a proposé d’écrire dans une petite revue d’art appelée “Artn’Mag”, éditée par une start-up, mais qui n’a pas duré plus d’un an et demi. Être éditeur d’une revue est un métier très difficile.
Quand je suis arrivé à Biarritz et que j’ai créé cette galerie d’art, j’ai rencontré des résistances de la part de mon voisinage. Je me suis dit : “Qu’est-ce que je peux faire ?” C’est là que j’ai décidé de créer une revue d’art. J’avais ce projet depuis longtemps. Je voulais que ce soit une vraie revue d’art, avec un beau papier, une belle impression, beaucoup de visuels.
Est-ce que tu as une copie à montrer ?
Oui, bien sûr. Voici le dernier numéro !
C’est comme un livre, avec beaucoup d’images et d’articles.
L’idée est de donner la parole aux artistes. Par exemple, Anton Hirschfeld est un artiste d’art brut qui a fait l’objet d’un film intitulé “Le Voyage d’Anton”, réalisé par sa maman. Donner la parole à cet artiste est difficile, car l’art brut est souvent pratiqué par des personnes un peu différentes. Anton produit des œuvres absolument magnifiques, exposées dans la galerie d’art brut de Christian Berst à Paris. C’est sa maman, Mariana Loupan, d’origine russe mais vivant à Paris, que j’ai interviewée. La revue Argument donne de la visibilité à des artistes connus, comme Anton, mais aussi à des artistes moins connus. Elle publie leurs œuvres, des visuels et des interviews pour mieux les faire connaître.
Oui, c’est très important.
Par exemple, tu as interviewé dans ce numéro une artiste polonaise, Margarita Lipinski, qui fait des tableaux inspirés de l’Antiquité, peints sur du velours tendu sur des cadres. C’est très intéressant.
Exactement.
La revue est internationale. Dans le dernier numéro, il y a deux artistes ukrainiennes, une artiste biélorusse, une polonaise, un photographe américain, etc. Parfois, il y a des artistes locaux, mais le but est vraiment de s’ouvrir. L’art est un territoire de liberté sans frontières, sans barrières, sans QR codes ni autorisations. C’est un espace de liberté qu’il est intéressant de parcourir.
Absolument, je suis totalement d’accord avec toi. Mais pourquoi as-tu choisi le mot “Argument” comme titre pour ta revue ?
Oui, le titre est toujours important. Il y a des raisons très pratiques : je recommande de choisir un titre qui commence par “A” parce que dans beaucoup de circonstances, on classe par ordre alphabétique, ce qui permet de venir en premier sur des plateformes digitales, dans des catalogues, etc.
Ensuite, “Argument” n’était pas un titre de presse connu, à l’exception d’une revue québécoise qui s’appelle “Argument”, mais qui publie des philosophes, des historiens et parfois des sociologues, donc ce n’est pas du tout une revue d’art. Le nom n’était donc pas déjà pris.
En français, comme dans de nombreuses langues, “argument” signifie une idée que l’on défend ou présente pour soutenir une thèse. Les artistes ont toujours une intention, une envie de créer, de faire et de partager quelque chose avec le public, donc ils ont des arguments. Lorsqu’on fait des interviews, on pose des questions, on y répond ; c’est l’échange classique où l’artiste présente ses arguments par rapport aux questions posées.
Super, très intéressant. Je suis vraiment d’accord avec le choix que tu as fait pour le titre, il reflète bien le concept de ta revue d’art. Quel genre d’art préfères-tu, s’il y en a ? Je suis sûr qu’il y en a.
En fait, Argument est une revue artistique et littéraire. Cela signifie qu’on inclut aussi la littérature, que ce soit des romans ou des poèmes. Nous publions parfois des poèmes ou des articles sur des écrivains, mais majoritairement, nous parlons d’artistes plasticiens : des peintres, des graveurs, des dessinateurs, des sculpteurs, ainsi que d’autres techniques. Dans le prochain numéro, il y aura un article sur une artiste coréenne vivant à Paris qui réalise des sculptures très grandes, parfois de plusieurs mètres de haut, en utilisant du crochet avec du fil métallique. C’est quelque chose d’absolument unique, je ne connais qu’une seule autre artiste aux États-Unis qui utilise cette technique. Il n’y a donc pas de limite ni de restriction, ce n’est pas une revue spécialisée sur la peinture, la sculpture, la gravure ou le dessin.
D’accord, donc c’est assez varié. Il y a aussi beaucoup de photographes, n’est-ce pas ?
Oui, de plus en plus, mais pas des photographes classiques, plutôt ceux qui ont une démarche vraiment artistique et qui utilisent la photographie comme un médium, comme Alexandra Oza par exemple, ou l’artiste Jason Gardner, un Américain qui photographie des personnages masqués et déguisés dans le monde entier.
C’est très intéressant !
Oui, et aussi des performers, comme Anina Roescheisen qui était dans le numéro 2. C’est une artiste allemande remarquable qui fait du dessin, de la peinture, de la photographie et des performances.
On peut parler de l’art de manière générale, mais selon toi, quels sont les pays où l’art est le plus développé ? Où l’art bouge le plus par rapport aux autres ?
C’est difficile à dire, car il y a des artistes partout dans le monde. De plus en plus de gens se déclarent artistes et vivent une vie d’artiste, probablement parce que le niveau de vie a tellement augmenté qu’aujourd’hui être artiste est un choix de vie possible pour beaucoup de gens, ce qui n’était pas forcément le cas il y a 300 ou 400 ans.
Exactement. Mais en Europe, en Asie, aux États-Unis, y a-t-il des connexions dans l’art ou chacun fait-il son propre art de manière individuelle ?
Il y a des opportunités de connexion. Par exemple, une des artistes qui a fait une couverture d’Argument est actuellement invitée par une organisation japonaise pour passer du temps avec d’autres artistes japonais et internationaux. Il y a des fondations et des institutions qui s’efforcent de créer des liens et des ponts. Une artiste nommée Tal Waldman a travaillé avec une autre artiste américaine, Fiona Morehouse, ce qui a abouti à un échange transatlantique… et un très beau livre !
Oui, les artistes peuvent être assez solitaires, mais le métier de galeriste est intéressant car il permet d’aller au-devant du public. Il y a trois parties dans la vie d’un artiste : la production des œuvres, l’exposition et la rencontre avec le public. La revue Argument aide à donner de la visibilité aux artistes, ce qui peut les aider à toucher un public international. Nous sommes distribués sur des plateformes digitales dans de nombreux pays, atteignant des milliers de lecteurs. Cela peut donner envie aux lecteurs de voir les œuvres en vrai.
La revue Argument est aussi une façon d’ouvrir le regard. Pour réaliser cela, j’ai créé une association et il y a une équipe qui travaille sur l’édition. Il y a des correctrices, des graphistes pour la mise en page, un webmaster et une communauté de rédacteurs. Ce sont les rédacteurs qui proposent les sujets, ils sont les yeux du public et suggèrent tel ou tel artiste. Cela rend la revue très ouverte et diversifiée. Quelqu’un qui souhaite écrire dans la revue peut proposer ses idées, ce qui enrichit le contenu.
C’est aussi un message pour le public qui nous écoute : s’il y a quelqu’un qui aime l’art, qui connaît l’art et qui a envie d’écrire pour la revue, il peut contacter François. François va évaluer un peu la chose.
En général, le processus consiste pour un rédacteur à proposer un artiste et à écrire sur lui. L’artiste doit être quelqu’un d’intéressant, qui capte l’attention, pas quelqu’un de banal. L’artiste doit surtout intéresser le public qui va lire. Mon rôle n’est pas de dire oui à celui-ci et non à celui-là. Si quelqu’un est prêt à écrire de manière volontaire sur un artiste qu’il aime, il mérite d’écrire l’article et l’artiste mérite d’être publié.
Il y a juste une réserve : je ne veux pas de violence ni de sexe, car ce sont des sujets trop faciles et un peu juvéniles, qui ne présentent pas d’intérêt particulier. À part cette réserve, il n’y a pas de censure. C’est un domaine de liberté.
Oui, c’est un message positif à travers l’art, pas un message négatif. Quelle est la partie la plus intéressante de ton travail, celle que tu préfères ?
La partie la plus passionnante, c’est quand Jennifer ou Hélène m’envoient les articles mis en page en PDF, quand la revue est complètement assemblée. Recevoir les premiers exemplaires papier est un grand plaisir. Il n’y a pas de tâche difficile car nous ne sommes pas dans un planning serré comme dans une revue classique où il faut respecter des délais stricts. Nous sommes une association, ce qui signifie que tout le monde est au même niveau, chacun donne de son temps et de son talent de manière volontaire. Nous ne sommes pas dans une organisation hiérarchique, mais dans une structure très moderne et horizontale.
Cette organisation horizontale et sans contraintes strictes de temps permet à chacun de contribuer à son rythme. C’est excitant de voir la revue assemblée, imprimée sur du papier de bonne qualité. Nous avons fait le choix de ne pas avoir de publicité, ce qui est rare pour une revue. En général, les revues ont trois sources de revenus : les ventes directes, les subventions et la publicité. Nous avons choisi de ne pas dépendre de la publicité ni des subventions, afin de garder une totale liberté éditoriale.
Cela rend le chemin plus étroit, d’où le choix de créer une association et de faire appel à des bénévoles passionnés. Nous avons une croissance lente mais stable, avec une bonne distribution sur les plateformes digitales et une diffusion papier croissante. À partir d’octobre, nous serons distribués par Pollen Distribution dans 500 à 600 points de vente en France et en Belgique, ce qui est une excellente nouvelle.
C’est une belle aventure et j’apprends beaucoup de choses avec ce projet de revue, notamment dans le domaine de la distribution et de la logistique. C’est très intéressant.
Quel conseil donnerais-tu à quelqu’un qui souhaite faire ce que tu fais, devenir éditeur d’une revue d’art ?
Je pense que s’il a envie, il peut m’appeler. En termes de conseil, il faut avoir une solide culture entrepreneuriale car il y a beaucoup de choses à faire, du juridique à la logistique en passant par les achats. Ce n’est pas simple, il y a de nombreux aspects à gérer. Il ne faut pas être amateur.
Créer quelque chose, une activité, un projet de gestion… Il faut être autonome et avoir beaucoup de ressources. C’est le moteur, le carburant : avoir le temps et l’envie. Le temps est très important. Moi, j’y consacre pas mal de temps, sans y passer tout mon temps, sinon ça deviendrait insupportable. Il faut la disponibilité et un peu de diplomatie, car ce n’est pas toujours simple. Certains artistes ont été maltraités parfois. Chaque artiste a son caractère, certains sont jeunes, d’autres moins.
Il y a différentes nationalités et cultures. Quand on travaille avec un artiste biélorusse, canadien, argentin, polonais ou italien, il faut être sensible à une approche culturelle qui n’est pas la nôtre.
Une œuvre est parfaite selon toi quand elle contient quoi ? Quand tu regardes une œuvre et dis “c’est parfait”, pourquoi ?
Une œuvre, c’est l’intention d’un artiste qui a un message à passer. Il décrit le monde avec ses moyens. Ce n’est jamais explicite, il faut aller découvrir l’œuvre. Une œuvre n’est pas comme un écran d’ordinateur ou de télévision. On peut la regarder chaque jour avec un œil neuf. Par exemple, les tableaux chez moi, je les vois tous les jours. Il y a une première lecture globale, une envie forte. Les gens qui achètent des œuvres d’art le font parce qu’ils ont envie de garder cette œuvre près d’eux. Chaque jour, on découvre de nouveaux aspects.
Je ne pense pas qu’une œuvre d’art puisse être qualifiée de parfaite. Ce qui compte, c’est la relation qu’on entretient avec l’œuvre sur la durée. Il y a la première rencontre et les rencontres quotidiennes. Les œuvres peuvent être dans des musées, et certaines personnes les visitent tout au long de leur vie, y trouvant toujours quelque chose de nouveau. La qualité de l’attachement à une œuvre d’art est ce qui compte.
Les œuvres d’art embellissaient la ville dans l’Antiquité. Ma sœur, m’a dit que les Grecs donnaient de leur fortune chaque année pour embellir Athènes avec des monuments et des œuvres d’art. Cela explique l’art antique majestueux, fruit de l’attachement de toute une population. Il y a une relation intime entre le public et l’œuvre, c’est un triangle entre l’œuvre, le public et l’artiste. C’est ce que nous essayons de faire dans notre revue, Argument, en donnant la parole aux artistes et en faisant se rencontrer un lectorat avec des œuvres.
Les artistes dans chaque numéro d’Argument ne se connaissent généralement pas. Ils sont souvent de nationalités différentes et utilisent des techniques variées. Ce qu’ils me disent en recevant la revue, c’est que pour eux, c’est une source d’inspiration et une découverte. Le fait d’avoir des artistes qui ont plaisir à découvrir d’autres artistes est peut-être le fil rouge.
Les rédacteurs sont importants car ils mettent en place les articles et les entretiens avec les artistes. Quelle est la relation entre l’éditeur et les rédacteurs pour le succès de la revue d’art Argument ?
C’est une association, donc il n’y a pas de relation hiérarchique. Nous avons une organisation tout à fait horizontale, finalement très moderne en termes de management ! Tout le monde a une relation courtoise, bienveillante, et chacun contribue au projet qu’il apprécie. Et chaque article contribue au succès de la revue. Les rédacteurs comprennent notre démarche.
Il y a toujours de nouveaux artistes dans chaque numéro. Parfois, nous republions sur un artiste qui a beaucoup évolué, comme Alena Kuznetsova, une artiste ukrainienne qui habite à Kyiv en pleine guerre.
Les artistes peuvent évoluer beaucoup. Par exemple, Chloé Kelly Miller, dont la peinture évolue beaucoup. C’est intéressant de présenter ces évolutions. La revue est jeune, mais certains artistes seront probablement republiés dans les deux ans à venir, car ils auront d’autres choses à dire.
Quels sont les projets futurs de François et de la revue Argument ?
Le projet en cours est d’être diffusé et distribué par Pollen Distribution, ce qui prendra du temps et des ressources. Argument vise à se financer elle-même et à être distribuée de manière rentable, sans ni gagner ni perdre de l’argent.
Nous avons fait une édition en anglais, bien que nous ayons encore des améliorations à apporter. Un rêve serait de publier en japonais, car le Japon a de très beaux artistes dans des formes d’art très différentes. Les bouquets, par exemple, sont une forme d’art au Japon, parmi tant d’autres. Ce serait un rêve, mais faisable.
Oui, par exemple, une artiste japonaise que nous avons interviewée pour Argument fait des œuvres magnifiques en porcelaine.
Un de mes rêves serait d’avoir une édition d’Argument en japonais et d’interviewer des artistes japonais. C’est un rêve compliqué et long à réaliser. Pour l’instant, nous cherchons une équipe suffisamment motivée. J’ai des discussions avec une graphiste très douée et une correctrice japonaise au Japon, donc on verra si nous réussissons à construire cela.
Ce sera peut-être des numéros spéciaux, comme certaines publications qui paraissent une ou deux fois par an. Pour Argument, j’ai choisi un rythme trimestriel car c’est supportable et permet d’avancer. Pour une revue entièrement en japonais, il faut explorer un nouveau territoire.
Comment peut-on se procurer Argument ?
Pour commander la revue Argument, à partir d’octobre, il faudra se rendre dans l’une des 500 ou 600 librairies partenaires de Pollen distribution. Cela devrait multiplier le lectorat de manière significative. Avant octobre, on peut commander directement sur le site de la revue, www.revue-argument.fr. Il est aussi possible de lire Argument sur des plateformes digitales comme Cafeyn, e-press, Press Reader ou Scopalto, qui permettent de consulter la revue en ligne ou hors ligne. Press Reader, par exemple, traduit la revue en 24 langues.
Tous les numéros d’Argument, depuis le premier et les hors-séries, sont disponibles en français et en anglais sur ces plateformes digitales. Le monde digital est vraiment magnifique car il permet d’accéder facilement à la revue.
Aujourd’hui, il y a la cérémonie officielle des Jeux Olympiques à Paris. La France est inondée de visiteurs. Mais au-delà de ça, qu’est-ce que tu penses des Jeux Olympiques, de ce moment très important pour la France ? Même si tu n’es pas à Paris mais à Biarritz, François, que penses-tu que les Jeux Olympiques apporteront à Paris, pas seulement au niveau du sport ?
En ce qui concerne les Jeux Olympiques à Paris, je suis un peu sceptique. C’est un spectacle mondial, mais j’ai vu des images de Paris dévasté, avec des rues vides et des SDF chassés sans ménagement. Je ne suis pas convaincu que des Jeux Olympiques en plein centre d’une capitale soient nécessaires, surtout avec ce niveau de mercantilisme. C’est un événement qui sert les intérêts des sportifs, mais je ne suis pas sûr que ce soit la meilleure manière de faire.
Il y a aussi beaucoup de risques, notamment des attentats et du terrorisme. Hier, il y a eu cinq attentats sur les lignes de train à grande vitesse, avec des explosifs et des attaques informatiques sur les systèmes de la SNCF. Il y a également eu une alerte à la bombe dans un aéroport en Suisse. Cela pourrait se transformer en cauchemar.
Dans le contexte international actuel, avec des pays exclus et des guerres, faire la fête ainsi peut sembler indécent pour ceux qui souffrent. Je m’inquiète du niveau d’agressivité entre les États. En France, avec des élections anticipées et un pays difficile à gouverner, je pense que ces Jeux ne laisseront pas une grande trace.
Merci beaucoup pour ton temps et pour avoir parlé de ton parcours et de la revue Argument. Je suis fier de faire partie des rédacteurs et de contribuer à ce projet motivant. Merci encore, je te souhaite un bel été à Biarritz. J’espère pouvoir te rendre visite un jour. Si tu veux dire un dernier mot au public, n’hésite pas.
Merci à tous ceux qui ont eu la patience de m’écouter pendant cette longue interview de 58 minutes.
Merci François, merci à tout le monde, bel été à tous et à très bientôt avec la revue Argument.